Devenu département en 2002 avec l’érection de Matam en région, Ranérou Ferlo est encore à la peine dans beaucoup de domaines. Entre un taux de scolarisation faible, des localités éloignées les unes des autres, un accès difficile à l’information, le département n’est pas encore garni. Même si le défi de la fourniture en eau est en passe d’être relevé, il y a encore du chemin à faire dans cette localité marquée par les longues distances qui séparent les communes les unes des autres.
Avec une superficie de près de 15.708 km2, soit 51 % de la région de Matam, le département de Ranérou Ferlo fait 30 fois la région de Dakar. «De manière générale, Ranérou se porte bien. Parce que c’est un département qui est né en 2002 avec l’érection de Matam en région.
Et depuis lors, il y a eu aussi des investissements, notamment de la part de l’Etat, avec la construction de la Rn3 qui a fortement contribué au désenclavement de la localité», explique le préfet Amadoune Diop. Par contre, dit-il, «la densité est très faible», le département compte 60.000 habitants, soit 3 à 4 habitants au km². La dispersion de l’habitat est aussi une particularité dans cette ville. On y retrouve beaucoup de petits villages peu peuplés avec pas plus de 15 habitants.
Mais pour le préfet, cette faible densité s’explique. «Certaines personnes expliquent cette faible densité par la culture des Peulhs. Mais je pense que c’est une sorte de stratégie de colonisation de l’espace ou de la ressource. Le département a une vocation sylvopastorale, avec l’élevage qui est l’activité principale de la majeure partie de la population. Et quand on parle de l’élevage, c’est également des ressources fourragères dont on a besoin pour l’alimentation du bétail. Et si à la longue il n’y a que des éleveurs, cela finit en une compétition. Donc pour ne pas avoir cette compétition-là, les gens ont choisi de se disperser dans l’espace. C’est ce qui explique la présence d’une même famille sur un rayon de 20 km. Et c’est comme si cet espace-là lui appartenait, étant donné qu’elle le contrôle ainsi que les ressources qui y sont. C’est donc une stratégie de survie», explique-t-il.
Au-delà de l’élevage, les opportunités ne sont pas nombreuses dans la localité. L’agriculture y est presque absente. Il n’y a que la gomme arabique comme ressource. Sa collecte est une activité qui intéresse de plus en plus les populations. Sinon, il y a les jujubes et le «soump».
C’est justement pour diversifier les activités qu’un centre de formation professionnelle a été ouvert. «Il faut là aussi sensibiliser les populations à s’y intéresser. Leur faire comprendre qu’il n’y a pas que l’élevage comme activité», explique le préfet.
De 14 à 43 forages

Si le dénominatif de Ferlo peut faire penser à une zone déserte, il n’en est pourtant rien. Selon le maire Arona Bâ, Ranérou était un simple village mais avec un gros potentiel. «Il a été érigé en département par le Président Abdoulaye Wade pour doper le développement. L’eau est fondamentale dans une localité où l’élevage concerne plus de 90 % de la population. C’est pourquoi le Président Macky Sall a aidé à relever le défi de la fourniture d’eau. On est passé de 14 à 43 forages entre 2014 et maintenant», se réjouit-il. Selon le préfet, depuis les années 70, la zone a été classée à 90 % pour protéger les ressources dont elle dispose.
«C’est pourquoi, en période de crise alimentaire, comme on l’a connu en 2016 avec la baisse de la pluviométrie, les animaux des régions de Matam, de Louga, mais aussi de la Mauritanie étaient concentrés ici dans le département de Ranérou. Cette conservation entreprise depuis les années 70 joue un rôle important dans la sécurité alimentaire. Ce qui est une chose importante. D’où la nécessité de renforcer la protection et la préservation des ressources. Cette zone est devenue une réserve de biosphère depuis 2012 d’après l’Unesco», explique-t-il.
Cependant, M. Diop estime qu’il faut continuer à accompagner les populations dans la protection de cette biosphère. «Il y a des efforts qui ont été faits en ce sens dans la lutte contre les feux de brousse par la mise en place de comités, mais aussi l’accompagnement des populations dans des campagnes de sensibilisation. Mais il faut aussi mettre en place des organes de gestion et également élaborer, en rapport avec les populations, les communautés, des plans de gestion de cet espace», plaide-t-il.
Un découpage à améliorer
Si l’on en croit le préfet, il faut à tout prix améliorer le découpage du département de Ranérou pour permettre à l’administration d’être plus proche des quatre communes. «Une réflexion avait été entamée d’ailleurs. Car le découpage n’a établi qu’un seul arrondissement, ce qui ne facilite pas le travail de l’administration. Le préfet est à Vélingara. Quelqu’un qui est à Patoki, à 40 km de Ranérou, doit faire 150 km pour aller à Vélingara. C’est comme si une personne quittait Dakar pour aller récupérer sa carte d’identité à Fatick. Donc il faut plus de rapprochement : revoir le découpage et mettre certains moyens pour désenclaver la zone», a-t-il suggéré. Selon l’autorité, Ranérou s’est développé à une vitesse extraordinaire. «Il y a quatre ans, Ranérou avait un tout autre visage. Je suis persuadé qu’avec plus de routes et une bonne réorganisation territoriale, Ranérou pourra, d’ici 10 ans, être à l’image de Ourossogui», espère-t-il.
La commune d’Oudalaye est la parfaite illustration de ce besoin de réaménagement. D’une superficie d’un peu plus de 10.000 km2, soit 1000 km2 de plus que la superficie de la Gambie, la commune d’Oudalaye est presque vide. On parle d’une densité de trois à quatre habitants au km2. C’est la commune la plus étendue du département. «En termes d’infrastructures, nous ne sommes pas du tout garnis. C’est en partie dû à l’enclavement de Ranérou. Nous avons une route latéritique qui quitte Vélingara vers la route nationale et qui fait à peine 30 km, ce qui rend les déplacements difficiles. A part celle-ci, nous avons la construction d’une voie en réalisation grâce au Pudc.
MARIAGE PRECOCE, ELOIGNEMENT DES ECOLES… : Ces freins à la scolarisation

S’il y a un fléau qui gangrène le département de Ranérou, c’est bien les mariages précoces. En effet, même s’il n’existe pas de statistiques fiables sur la question, les témoignages recueillis sur place en disent long. Selon le préfet, des enquêtes ont montré qu’entre les classes de Ci et de Cm2, «il y a plus de filles que de garçons. Mais c’est à partir du secondaire qu’on ne voit presque plus les premières. La plupart d’entre elles sont données en mariage avant l’âge de 15 ans». Professeur de français au lycée de Ranérou, M. Cissé s’est beaucoup battu pour que les filles restent à l’école, sans succès. «Le problème est culturel. Les populations sont en majorité des Peulhs, donc pour eux, il est hors de question de laisser une fille en âge de procréer sans la marier», explique-t-il. «J’avais une élève très brillante, mais à la fin de l’année scolaire, je ne la voyais plus. Quand j’ai interpellé ses parents, ils m’ont dit qu’elle s’est mariée et qu’elle vit désormais chez ses beaux-parents», se rappelle l’enseignant.
Mais les mariages précoces ne sont pas la seule cause du faible taux de scolarisation. Selon le préfet, la distance entre certaines localités et les établissements scolaires est très importante. «Il y a un sérieux problème de déplacement. Il y a aussi le faible taux des populations dans ces villages-là. On a entre 90 et 100 écoles dans le département. Et dans certaines écoles, il faut renforcer le personnel enseignant, mais aussi sensibiliser la population. Ce qui est un défi. Il faut leur faire comprendre l’importance de l’école. Le mariage précoce aussi est un handicap. La plupart des garçons prennent le chemin des champs. C’est donc intéressant de sensibiliser la population», estime-t-il. Toutefois, il existe des filles qui ont fait leur cursus scolaire jusqu’à l’obtention du bac et qui ont par la suite réussi à des concours au niveau national. Mais le préfet estime qu’elles se comptent sur le bout des doigts.
Selon le maire de Ranérou, Arona Bâ, il faut continuer à sensibiliser. «Mais il ne faudrait pas perdre de vue que le manque de moyens est une des raisons de ce faible taux de scolarisation. Les études, c’est aussi des moyens, et le pouvoir d’achat n’est pas fameux ici», reconnaît-il.
Le parfum «Bul faalé», parade des disciples de Bacchus
A Ranérou, les lieux de rafraichissement ne sont pas nombreux. Il faut se rendre à la boutique pour des boissons gazeuses et autres jus de fruits. Pour être dans les bras de Bacchus, il faut aller à la sortie, vers Ourossogui, où se trouvent les bars. Mais certains ont trouvé la solution. Aussi incroyable que cela puisse paraître, ici, la plupart se saoulent avec du parfum appelé Eau de Roche. Mais dans la zone, on l’appelle «Bul Faalé». Vendu à 300 FCfa, cette petite bouteille est très prisée par les éleveurs. La gendarmerie, consciente des dangers, a commencé à l’interdire, n’empêche certains trouvent la parade. «Souvent ils achètent la bouteille et l’enterrent quelque part. A chaque instant, ils viennent la déterrer pour quelques gorgées. C’est très nocif. Mais pour eux, l’essentiel c’est d’avoir sa dose. Très souvent, à la fermeture du marché hebdomadaire, ils ne tiennent plus debout ; il faut qu’ils vomissent pour retrouver le chemin du retour», explique un agent des parcs nationaux.
Vol de bétail

Zone d’élevage, Ranérou n’échappe pas au phénomène du vol de bétail. Mais, selon Aliou Dembourou Diallo, député et président du Conseil départemental, depuis que le vol de bétail a été criminalisé, «il y a un léger mieux ; et c’est aussi grâce au soutien de la gendarmerie qui s’est installée au cœur de la localité». Par ailleurs, beaucoup de villages ne disposent toujours pas d’électricité. Cependant, selon le député, beaucoup d’entre eux ont reçu des installations solaires, mais qui ne sont pas encore fonctionnelles. «Nous sommes en train de faire le point pour le soumettre au président de la République», a-t-il dit.
Au-delà du vol de bétail, les éleveurs font face à l’inaccessibilité des services vétérinaires. Selon le député et président du Regroupement des éleveurs républicains, «souvent les vétérinaires sont très éloignés des éleveurs. Certains sont obligés de faire plus de 30 km avec leur troupeau. Il faut les rapprocher des éleveurs», suggère-t-il.
Par Oumar FEDIOR
MAMADOU LAMINE THIAM, ILLUSTRATEUR DES LIVRES «SIDI ET RAMA» : La pédagogie au bout des pinceaux


Son œuvre a marqué des générations d’élèves du cycle primaire ; son empreinte restera gravée dans les programmes d’enseignement en français de l’école sénégalaise. Mamadou Lamine Thiam. Voilà un nom qui, peut-être, ne vous dit rien mais ses réalisations ont atteint les fins fonds du Sénégal. Des œuvres artistiques, il en a conçues plusieurs. Mais, l’une des plus connues est, sans nul doute, le mythique livre « Sidi et Rama » qui continue de défier le temps malgré l’introduction d’autres manuels scolaires.
Ils sont nombreux ces élèves, devenus des adultes, qui se sont initiés à la lecture, aux opérations de calculs grâce aux célèbres ouvrages scolaires « Sidi et Rama ». Nous sommes allés à la rencontre de l’auteur dans son village natal Diofior (région de Fatick) où il vit paisiblement sa retraite depuis 2011 après 34 ans de loyaux services rendus à l’école sénégalaise. A la veille de notre voyage dans cette localité majoritairement habitée de Sérères, nous entrons en contact avec Mamadou Lamine Thiam. Au bout du fil, une voix douce au débit lent répond à l’appel. Il s’agit bien de lui. Un rendez-vous est vite callé pour le lendemain à 9h. Dans ce village, il suffit juste d’évoquer son nom pour qu’on vous indique son domicile. Mais il était là à nous attendre aux abords de la route qui passe par Diofior. Dès le premier contact, on découvre un homme calme, posé, les pas feutrés. Son accent nous renseigne vite sur ses origines. Il est un Sérère bon teint. Il nous reçoit dans sa belle villa, aux bâtisses imposantes, située à quelques jets de pierres de la route.
Dans un des coins de la salle, est logée une bibliothèque où sont rangés sommairement des ouvrages, des revues, des exemplaires de journaux et d’autres manuels didactiques de toutes sortes. Des tableaux d’art inspirés des réalités locales qu’il a lui-même dessinés complètent le décor. Aussitôt les discussions lancées, Mamadou Lamine Thiam nous sort deux livres « Sidi et Rama », facilement reconnaissables par leur page de couverture. Alors qu’il était agent à la Direction de la télévision scolaire en 1991, M. Thiam avait remporté un marché lancé par l’Institut national d’étude et d’action pour le développement de l’éducation (Ineade) relatif aux travaux d’illustration des livres scolaires « Sidi et Rama » qui seront introduits dans les programmes des classes du cycle primaire. L’Ineade avait d’abord confié la première édition des livres à quelqu’un qui, à la fin, n’avait pas livré un travail satisfaisant.
« J’ai été contacté pour reprendre les choses en mains afin de faire une seconde édition des mêmes manuels des classes Ci et Cp en me chargeant des illustrations. C’est dans ce cadre que j’ai dessiné les personnages tels que Sidy, Rama, Ansou, Abdou, Aminata, Salif… », rappelle cet ancien pensionnaire de l’Ecole nationale des arts (Ena). Ce défi relevé, il lui sera confié, en 1991, l’illustration des autres ouvrages scolaires « Sidi et Rama » pour les classes de C1 et C2 ; puis CM1 et CM2 en 1993 pour les Nouvelles éditions africaines. Ceux qui ont eu l’occasion d’étudier avec ces livres se rappelleront certainement du village de Darou fréquemment utilisé dans les textes. M. Thiam explique le choix porté sur le nom de cette localité située dans la région de Thiès, près de Mboro.
« J’ai pris Darou pour rendre hommage à un grand ami, Moustapha Ndoye, qui habite dans ce village. Il était un agent à l’Inead. C’était une manière de lui exprimer ma reconnaissance », justifie Mamadou Lamine Thiam. Son travail de génie a marqué des milliers d’élèves qui ont fini de se familiariser avec les personnages des livres « Sidy et Rama ». Il s’inspirait des réalités locales pour concevoir les accoutrements, les gestes, les paroles des acteurs cités dans toutes les scènes qui se sont déroulés dans les différents ouvrages. Il réalise tout son travail artistique à main levée et à l’aide d’un crayon avec l’assistance d’un collègue du nom de Fassani Dramé, lui aussi sorti de l’Ecole nationale des arts (Ena). « L’Ineade me remettait juste le livre avec des textes ; c’était à moi de mettre les illustrations qui doivent refléter le contexte et le sens du contenu », indique M. Thiam.
Il est titulaire d’un Certificat d’études plastiques 1er cycle en 1974 et d’un diplôme supérieur d’art plastique 2ème cycle obtenu à l’Ecole nationale des arts. Il a participé à plusieurs expositions au Sénégal et dans le monde, notamment à Rouen en 1986, au Mexique en 1979. Pour mieux se perfectionner, il a eu à effectuer des stages dans les techniques de dessin et du graphisme pédagogique à Bordeaux en France ; un stage de perfectionnement au graphisme télévisuel, en 1979 à Bordeaux. D’autres stages l’ont conduit au Canada et à Conakry. Il a, à son actif, d’autres réalisations comme les manuels sur le Sida, le livre « Pour mieux vivre au Sahel » ; « Pesah et Helsa à la découverte du Sahel »…
Entre autres distinctions, M. Thiam a obtenu le 3ème prix du concours de maquette pour la sauvegarde de l’île de Gorée en 1986, le 1er prix du concours de Logo international Pfie des 9 Etats membres du Comité inter-État de lutte contre la sécheresse au Sahel (Cilss). Aujourd’hui agent à la retraite depuis le 31 décembre 2011, Mamadou Lamine Thiam travaille toujours comme illustrateur avec les Ong et le Centre de formation pédagogique catholique de Mbour.
Ils sont nombreux ces élèves, devenus des adultes, qui se sont initiés à la lecture, aux opérations de calculs grâce aux célèbres ouvrages scolaires « Sidi et Rama ». Nous sommes allés à la rencontre de l’auteur dans son village natal Diofior (région de Fatick) où il vit paisiblement sa retraite depuis 2011 après 34 ans de loyaux services rendus à l’école sénégalaise. A la veille de notre voyage dans cette localité majoritairement habitée de Sérères, nous entrons en contact avec Mamadou Lamine Thiam. Au bout du fil, une voix douce au débit lent répond à l’appel. Il s’agit bien de lui. Un rendez-vous est vite callé pour le lendemain à 9h. Dans ce village, il suffit juste d’évoquer son nom pour qu’on vous indique son domicile. Mais il était là à nous attendre aux abords de la route qui passe par Diofior. Dès le premier contact, on découvre un homme calme, posé, les pas feutrés. Son accent nous renseigne vite sur ses origines. Il est un Sérère bon teint. Il nous reçoit dans sa belle villa, aux bâtisses imposantes, située à quelques jets de pierres de la route.
Dans un des coins de la salle, est logée une bibliothèque où sont rangés sommairement des ouvrages, des revues, des exemplaires de journaux et d’autres manuels didactiques de toutes sortes. Des tableaux d’art inspirés des réalités locales qu’il a lui-même dessinés complètent le décor. Aussitôt les discussions lancées, Mamadou Lamine Thiam nous sort deux livres « Sidi et Rama », facilement reconnaissables par leur page de couverture. Alors qu’il était agent à la Direction de la télévision scolaire en 1991, M. Thiam avait remporté un marché lancé par l’Institut national d’étude et d’action pour le développement de l’éducation (Ineade) relatif aux travaux d’illustration des livres scolaires « Sidi et Rama » qui seront introduits dans les programmes des classes du cycle primaire. L’Ineade avait d’abord confié la première édition des livres à quelqu’un qui, à la fin, n’avait pas livré un travail satisfaisant.
« J’ai été contacté pour reprendre les choses en mains afin de faire une seconde édition des mêmes manuels des classes Ci et Cp en me chargeant des illustrations. C’est dans ce cadre que j’ai dessiné les personnages tels que Sidy, Rama, Ansou, Abdou, Aminata, Salif… », rappelle cet ancien pensionnaire de l’Ecole nationale des arts (Ena). Ce défi relevé, il lui sera confié, en 1991, l’illustration des autres ouvrages scolaires « Sidi et Rama » pour les classes de C1 et C2 ; puis CM1 et CM2 en 1993 pour les Nouvelles éditions africaines. Ceux qui ont eu l’occasion d’étudier avec ces livres se rappelleront certainement du village de Darou fréquemment utilisé dans les textes. M. Thiam explique le choix porté sur le nom de cette localité située dans la région de Thiès, près de Mboro.
« J’ai pris Darou pour rendre hommage à un grand ami, Moustapha Ndoye, qui habite dans ce village. Il était un agent à l’Inead. C’était une manière de lui exprimer ma reconnaissance », justifie Mamadou Lamine Thiam. Son travail de génie a marqué des milliers d’élèves qui ont fini de se familiariser avec les personnages des livres « Sidy et Rama ». Il s’inspirait des réalités locales pour concevoir les accoutrements, les gestes, les paroles des acteurs cités dans toutes les scènes qui se sont déroulés dans les différents ouvrages. Il réalise tout son travail artistique à main levée et à l’aide d’un crayon avec l’assistance d’un collègue du nom de Fassani Dramé, lui aussi sorti de l’Ecole nationale des arts (Ena). « L’Ineade me remettait juste le livre avec des textes ; c’était à moi de mettre les illustrations qui doivent refléter le contexte et le sens du contenu », indique M. Thiam.
Il est titulaire d’un Certificat d’études plastiques 1er cycle en 1974 et d’un diplôme supérieur d’art plastique 2ème cycle obtenu à l’Ecole nationale des arts. Il a participé à plusieurs expositions au Sénégal et dans le monde, notamment à Rouen en 1986, au Mexique en 1979. Pour mieux se perfectionner, il a eu à effectuer des stages dans les techniques de dessin et du graphisme pédagogique à Bordeaux en France ; un stage de perfectionnement au graphisme télévisuel, en 1979 à Bordeaux. D’autres stages l’ont conduit au Canada et à Conakry. Il a, à son actif, d’autres réalisations comme les manuels sur le Sida, le livre « Pour mieux vivre au Sahel » ; « Pesah et Helsa à la découverte du Sahel »…
Entre autres distinctions, M. Thiam a obtenu le 3ème prix du concours de maquette pour la sauvegarde de l’île de Gorée en 1986, le 1er prix du concours de Logo international Pfie des 9 Etats membres du Comité inter-État de lutte contre la sécheresse au Sahel (Cilss). Aujourd’hui agent à la retraite depuis le 31 décembre 2011, Mamadou Lamine Thiam travaille toujours comme illustrateur avec les Ong et le Centre de formation pédagogique catholique de Mbour.
Le Soleil