La capitale économique d’Israël est une ville moderne très fréquentée par les touristes du monde entier. Tel Aviv attire par son côté fun et free offrant à chacun l’opportunité de jouir pleinement de sa liberté dans les limites du possible. Aujourd’hui, cette métropole aux nombreuses facettes vit et vibre avec la diversité qui la caractérise.

Vendredi soir à Tel Aviv. La ville si grouillante et si animée a brusquement baissé de tempo. La circulation est fluide dans des rues qui, éclairées par la lumière tamisée du crépuscule, sont plus ou moins désertes. Seuls quelques piétons revenant de la plage trainent sur les trottoirs. Ils hument, en même temps, la brise marine qui berce la ville. C’est le début du shabbat juif qui coïncide avec repos, recueillement et les retrouvailles en famille. Les bus du transport public sont à l’arrêt. Les grandes enseignes ont baissé rideau, les terrasses des restaurants sont désertes.

Dans un célèbre hôtel de la place, les membres d’une famille, vêtus en noir et blanc, récitent quelques psaumes de l’Ancien testament avec une grande ferveur, avant de se restaurer. Tel Aviv plonge brusquement dans une autre ambiance teintée de spiritualité et de recueillement. Même l’aéroport n’est pas épargné, car les compagnies locales sont toutes restées au sol.

Ce brusque changement de décor n’enlève rien au charme de cette ville qui vibre et bourdonne à longueur de journée. Les taxis et autres particuliers circulent toute la nuit. Qu’on soit en bordure de mer ou pas, il est facile de trouver un restaurant où manger en bonne compagnie. Les soirées after-work (ou privées parfois) foisonnent ici aux quatre coins. « Tel Aviv est une ville qui ne dort jamais. A n’importe quelle heure, vous pouvez vous promener et voir les gens dans la rue », avance Richard Benhamou, guide touristique. La ville est aussi le siège des institutions du gouvernement et la capitale économique où se trouvent la plupart des grandes sociétés, la bourse et les hôtels 5 étoiles. C’est pour cela d’ailleurs que la ville bénéficie d’une grande surveillance. Tel Aviv est réputée être une ville sûre. Dans les grandes institutions et autres lieux très fréquentés, il faut montrer patte blanche pour y accéder. Le passage sur les portiques est obligatoire. Et chacun s’y soumet comme si c’était une règle à respecter à la lettre. La police a l’œil partout et guette en permanence les éventuels dangers. Au point que les habitants semblent même oubliés les attaques sanglantes répétitives qu’il y a avait, par moments, dans les arrêts de bus et autres endroits stratégiques. « Aujourd’hui, nous avons maîtrisé tout cela et partout où il y a quelque chose, la police peut être sur les lieux en moins d’une minute », relève Micky Rosenfeld, le porte-parole de la police israélienne.

SANDAGA, VERSION ISRAELIENNE
Avec l’émergence de la classe moyenne et le confort économique dans lequel baignent les Israéliens, Tel Aviv est aussi une ville commerciale avec pas moins de quatre mall et une multitude d’enseignes de luxe sur les grandes avenues. A côté, il y a aussi le marché très fréquenté de Carmel où viennent s’approvisionner bon nombre d’habitants de Tel-Aviv. Ici, on se croirait à Sandaga, le célèbre marché de Dakar, avec des commerçants qui interpellent les acheteurs au milieu des étals allant des épices aux vêtements en passant par les fruits, la charcuterie et les jouets pour enfants. A la différence de Sandaga, ce marché de la capitale économique d’Israël est confiné dans une ruelle. Il est impossible d’y voir des marchands ambulants ou d’irréguliers.

Une fois sorti de ce lieu de commerce, on aperçoit, à nouveau, les bâtiments ultra-modernes de Tel Aviv, conçus dans une architecture rare. Les rues, toujours propres et ordonnées, sont décorées d’une verdure artificielle. « Tout ce que vous voyez ici, est artificiel, car le système de goute à goute nous permet cela», renseigne la diplomate Michal Philosoph. Cette capitale du monde n’en est pas moins une ville de libertés où se croisent quotidiennement juifs orthodoxes, toujours vêtus de noir et musulmans pratiquants, se rendant à la mosquée le vendredi. Le minaret de la grande mosquée Hassan Bek qui se trouve dans la ville arabe de Jaffa est visible partout dans la ville. Le lieu de culte construit, depuis 1916, continue de résister au temps. Elle fait partie des vestiges de la ville. Car Jaffa existe plusieurs siècles avant Tel Aviv. Et l’histoire de cette ville renvoie aux tensions qu’il y a toujours eu entre juifs et arabes. Les problèmes entre ces deux communautés auraient d’ailleurs poussé les juifs à s’installer à l’extrémité de la ville, ce qui est aujourd’hui Tel Aviv.

LE DRAPEAU ARC-EN-CIEL ENVAHIT LA VILLE
Malgré les idées reçues, juifs, musulmans et chrétiens peuvent pratiquer librement leur religion dans cette ville cosmopolite, d’après notre guide. En cette première semaine du mois de juin, des personnes venues du monde entier y sont même allés pour célébrer la gay-pride. A la veille de cet évènement, le drapeau arc-en-ciel a inondé la ville. Des artères sont fermées à cause de la manifestation, mais aucune protestation n’a été notée de la part des populations. « Ici, tu peux faire ce que bon te semble, à la seule condition que ta liberté n’empiète pas sur la mienne. Et quand tout le monde se respecte, on vit en harmonie », explique Richard Benhamou. C’est peut-être cet attachement à la liberté des autres qui attire bien des touristes dans la capitale économique israélienne. Car dans la ville, les tours operators ne chôment guère avec des allers-retours incessants entre Tel-Aviv et les autres localités du pays, telles que la Mer morte, la ville sainte de Jérusalem, le lac des Tibériades, Jaffa ou encore Ceasare. Pas moins de 6000 guides effectuent quotidiennement ce travail. L’année dernière, un record a même été battu en termes de fréquentations avec 3,6 millions de touristes enregistrés dans le pays. « Le tourisme est un secteur important en Israël, mais ce n’est pas le plus déterminant de l’économie du pays », nuance Richard Benhamou. Tout de même, si autant de touristes débarquent quotidiennement ici, c’est parce que Tel Aviv est une ville qui attire du monde. Son charme réside dans les commodités qu’elle offre à tout un chacun pour y passer de bons moments. Mais aussi et surtout, du fait que les libertés des uns et des autres sont respectées. Shabbat oblige, la ville s’est à nouveau recroquevillée sur elle-même en attendant le jour d’après.

Mur de Lamentations JERUSALEM : VILLE DE LA FOI ET DE LA TOLÉRANCE
Tout à l’opposé de Tel Aviv, Jérusalem est une terre sainte où le culte de la foi prédomine sur les autres activités. Nos pérégrinations à l’intérieur de la cité nous ont menés sur différents sites religieux à savoir le Mur des Lamentations, la mosquée Al-Aqsa ainsi qu’au Saint Sépulcre.

Aller en Israël sans faire un détour à Jérusalem aurait donné un goût inachevé à un voyageur. C’est pourquoi l’annonce de la visite de la ville sainte a plongé le groupe de journalistes que nous sommes dans une ambiance féérique. Pour nous tous, cette visite va être une première. Car, la plupart des informations que nous avions jusque-là sur Jérusalem, c’était à partir des médias occidentaux couvrant la visite d’un chef de l’Etat d’une grande puissance ou le passage sur les lieux d’une autorité influente du monde. « C’est un jour d’anniversaire de la guerre des six jours opposant Israël à ses voisins. C’était à ce jour et presque à pareille heure », nous confie notre guide Richard Benhamou. Curieuse coïncidence ! Et l’image qu’on se fait d’une localité est toujours différente dès qu’on y met les pieds pour la première fois. Ce fut le cas en découvrant la ville sainte. Jérusalem est une petite bande de terre mesurant à peine 1 km2. La localité qui tire son nom de « Yeru Salam » (la Ville de la paix) aurait été créée par David il y a 3000 ans. Pour y accéder, il faut emprunter l’une de ses nombreuses portes, dont les plus célèbres sont la Porte de Damas, la Porte de Jaffa et celle de Zion. Celle de Jaffa qui se trouve à la partie jordanienne fait face au Mont des Oliviers, une bande de terre caractérisée par une forte présence chrétienne et avec pas moins de 17 églises et couvents. En passant par-là, l’on peut apercevoir la crête dorée de l’église orthodoxe ainsi que le cimetière juif où est enterré le fils de David.

Mais, la vraie ville de Jérusalem est là, devant nous. Il faut franchir le portail pour pénétrer à l’intérieur. Seulement, il faut avancer à 200 mètres pour faire face à une barrière de sécurité où tous les visiteurs sont soit fouillés, soit passés sur le portique avant de continuer leur chemin. Tout le groupe se prête à l’exercice sans piper mot. Ici, il n’existe guère de passe-droit comme on pourrait le voir ailleurs. Seule la police est maître des lieux. Dans cette ville où chacune des trois religions révélées réclame la paternité, la tension est parfois palpable. Mais en ce beau jour ensoleillé du mois de juin, Jérusalem est calme et chacun vaque à ses occupations. Le premier contact avec la ville se fait avec la communauté juive. Ceux qu’on surnomme ici les juifs ultra-orthodoxes règnent en maîtres dans ce qu’on appelle le kotel (quartier juif).

LES JUIFS EN TERRAIN CONQUIS
Vêtus de noir de la tête au pied, ces fervents pratiquants portent tous le chapeau noir. Les moins dogmatiques se contentent de leur kippa, un bonnet qui symbolise l’humilité envers le Créateur. Ici, les juifs sont en terrain conquis et dictent leur loi aux visiteurs. « Pour ceux qui le souhaitent, ils peuvent aller formuler des prières devant le mur, mais avant, il faut se couvrir la tête d’un bonnet ou d’une casquette. Il y a un panier là-bas où il y a des bonnets, prenez-en », conseille Richard, notre guide. Le mur est devant nous, à une centaine de mètres. On peut apercevoir beaucoup de personnes venues formuler une prière. Face au mur, les yeux fermés, certains entrent même en transe. Les autres, pour la plupart âgés, sont assis sur des chaises en plastique en récitant des psaumes de l’Ancien Testament. Un récital qui s’accompagne d’un léger mouvement du corps en avant et en arrière. Devant cette solennité, personne n’ose élever la voix. Tout de même, certains ne peuvent guère manquer de prendre des selfies ou des photos de groupe.

Après le mur des lamentations, notre périple en Terre sainte se poursuit. On fait cap sur l’esplanade des mosquées. C’est le fief, par excellence, des musulmans de Jérusalem. On ne peut s’empêcher, tout de même, de remarquer la forte présence policière sur la ruelle qui y mène. Pas moins d’une quinzaine de policiers portant tous des talkies-walkies et des menottes autour de la ceinture sont là. « Nous sommes dans les dix derniers jours du mois de ramadan et cette période est toujours redoutée ici. D’où cette présence policière », explique Micky Rosenfield, le porte-parole de la police israélienne. Un bref échange, avec notre guide (musulman cette fois-ci), nous permet de franchir cette barrière.

Al AqsaPÈLERINAGE À AL AQSA
La poignée de musulmans du groupe que nous sommes est enthousiaste de poser le pied dans ce lieu important de l’Islam. Une dernière vérification est nécessaire. Car, ici, on doit s’assurer que vous êtes bel et bien de confession musulmane avant d’accéder à la mosquée Al Aqsa. « Ouf ! », dit Moussa, un confrère malien, après avoir eu l’autorisation du gardien. Il faut monter une quinzaine de marches avant d’apercevoir le dôme doré d’Al Aqsa. C’est une mosquée majestueuse qui domine toute l’esplanade. En ce matin de ramadan, les fidèles viennent faire leurs dévotions. Ahmad, notre guide, nous conseille de le suivre. Une fois le portail franchi, une grande fraîcheur nous envahit. Les filles prennent le côté gauche, les garçons le sens opposé. La séparation entre les hommes et les femmes est de rigueur ici. Sous nos pieds, nous ressentons un bien-être de marcher sur cette moquette de couleur rouge et moelleuse. L’intérieur est un mélange de jouvence, de marbre et d’ornements dorés. Le plancher est retenu par plusieurs grandes poutres. Mais le secret d’Al Aqsa se trouve au centre du lieu de culte où un grand rocher est maintenu intact. « C’est sur ce rochet d’où le prophète Mouhamad (Psl) est monté au ciel », nous confie Ahmad. On ne peut s’empêcher, alors, de faire des prières et d’essayer de vivre intérieurement cette époque si importante dans la religion islamique. Pour toucher ce rocher, il faut descendre dans une sorte de cave qui n’est autre qu’un lieu qu’une mosquée dans Al Aqsa.

Dans le silence et le recueillement absolu, les fidèles prient continuellement. Pour la plupart, cette visite a des allures de pèlerinage car Al Aqsa est la plus importante mosquée de l’Islam après celles de La Mecque et de Médine.

LA CLOCHE SONNE
Mais Jérusalem, c’est aussi le Saint-Sépulcre, le lieu où Jésus Christ a été crucifié avant que son corps ne soit déposé sur sa tombe, selon la version chrétienne. A partir de l’esplanade des mosquées, il faut prendre le chemin inverse et traverser une grande partie du quartier musulman avant d’y accéder. Il faut dire que la séparation entre les quartiers juif, musulman et chrétien tient sur quelques mètres. On peut quitter une localité et rentrer dans une autre, sans s’en rendre compte. C’est aussi l’une des caractéristiques de Jérusalem. Impossible, pour nous, d’effectuer toutes les étapes du Chemin de croix. « Nous allons nous limiter aux cinq dernières étapes qui symbolisent l’après mort de Jésus », rappelle le guide Richard. Une petite porte mène directement à la chapelle de Sainte-Hélène, celle qui a permis de découvrir la tombe de Jésus. Ici, chaque compartiment est géré par une entité chrétienne. Ici, c’est la partie des grecs orthodoxes, là, celle des catholiques ou encore cette autre partie, le coin des coptes. Ces communautés religieuses qui ne s’entendent pas toujours auraient même décidé de confier la clé du Saint-Sépulcre à une famille musulmane de Jérusalem. C’est la famille Nuseibeh. De père en fils, cette tradition continue d’être respectée. Car ici, se trouve la pierre d’onction, là où, selon la tradition, le corps de Jésus avait été déposé après être crucifié. Les fidèles chrétiens se penchent sur cette pierre et formulent des vœux. Sur le mur, on peut apercevoir la fresque de Jésus entouré de ses proches après avoir subi la dure épreuve. A quelques mètres de là, l’on aperçoit un long fil de fidèles qui tentent d’entrer dans la tombe de Jésus. Il faut beaucoup de patience pour accéder à ce lieu saint. Nous n’aurons pas l’occasion de la visiter à cause du timing. La cloche sonne et nous rappelle, en même temps, que le temps qui nous était imparti est épuisé.

Notre pèlerinage en Terre sainte s’achève. Mais on aura compris que Jérusalem est la terre sainte des trois religions révélées qui, malgré les conflits, parviennent toujours à y cohabiter.

GolanPLATEAU DU GOLAN : UN SITE SI STRATÉGIQUE AUX MAINS D’ISRAËL
Le Plateau du Golan est une localité importante au Moyen Orient, qui permet à l’Etat israélien d’avoir le contrôle sur une bonne partie de la zone. A ce titre, l’armée y a déployé de gros moyens pour la surveillance.

Les équipes de démineurs sont encore à pied d’œuvre sur tout le long de la route. Nous sommes tout proches de la frontière israélo-syrienne et le bus qui nous transporte semble effectuer des tours incessants pour atteindre le sommet de ce haut plateau. En jetant le regard en bas, on se rend compte de la haute altitude où nous sommes. Ici, c’est le célèbre plateau du Golan, devenu territoire israélien, à la faveur de la guerre avec la Syrie, en 1967.

Le Golan est à la fois une zone dangereuse et un site stratégique à partir duquel on peut apercevoir les différentes capitales du Moyen Orient à savoir Bagdad (Irak), Damas (Syrie) et Amman (Jordanie). Situé à 1165 m au-dessus du niveau de la mer, cette crête, surplombant les autres localités, est sans cesse surveillée par les soldats israéliens. « L’armée a redoublé ses effectifs en qualité et en quantité en se dotant des moyens électroniques, parachutistes et surtout de renseignement », selon Ilan Shulman, un des nombreux agents de renseignement israélien qui travaillent sur le site.

Si l’Etat israélien accorde une grande importance à ce site, c’est parce qu’il y a une nouvelle recomposition dans la région avec notamment la percée de « l’Islam radical » dans les pays tels que la Syrie, Oman, Irak etc. « Tout cela fait l’affaire de l’Iran qui tente de jouer un rôle hégémonique dans la zone », accuse le soldat israélien. Devant nous, l’on peut d’ailleurs apercevoir une épaisse fumée provenant de la ville syrienne la plus proche. « Cette fumée est une illustration de la tension entre les soldats syriens et les rebelles qui veulent renverser le régime de Bachar Al Asad », dit Ilan Shulman. Face à la dangerosité de la zone, l’Onu a jugé utile d’y installer une force d’interposition et de maintien de la paix. Les soldats onusiens observent les moindres mouvements dans la frontière à l’aide de jumelles et d’un matériel sophistiqué. Quotidiennement, ces casques-bleus font des rapports. Car, Israéliens comme Syriens, n’ont guère le droit de mettre des tanks sur un rayon de 10 km.

En dehors de ces bruits de botte, le Golan est un site très fréquenté par les touristes du monde entier. Chinois, américains, japonais et européens s’y rendent quotidiennement pour essayer de comprendre la géopolitique de la région. Pas moins de 3 millions de touristes fréquentent le site par an. L’attraction, ici, c’est surtout le bunker abandonné de l’armée israélienne où les touristes entrent et sortent et se photographient par groupe. « Malgré le danger, la vie continue. Il y a trois semaines, quand il y a eu une attaque venant de la Syrie, il y avait, sur le site, près de 1000 touristes, mais tout s’est bien passé », renseigne Ilan Shulman. Ainsi va la vie sur le plateau du Golan où il faut, en même temps, côtoyer le danger au quotidien et faire cette grande découverte d’une localité si stratégique du monde. Pour l’heure, Israël tient au Plateau du Golan comme à la prunelle de ses yeux.

Musee YadMUSÉE YAD VASHEM : PAR DEVOIR ET PAR MÉMOIRE
Ici, c’est un tas de chaussures déchiquetées, là, des cuillères, des photos, des pots ou encore des ustensiles de cuisines jetés pêle-mêle. Tous ces objets appartenaient à des juifs d’Europe et du monde entier jetés ou abandonnés par leurs propriétaires victimes de l’Holocauste. Au musée Yad Vashem de Tel-Aviv, les noms des victimes sont à jamais consignés dans ce qui est appelé « La Salle des noms ». D’ailleurs, le nom du musée Yad (qui signifie nom) et Vashem (qui ne périra jamais) a été conçu et réalisé au nom de toutes personnes (hommes, femmes et enfants), victimes de cette violence inouïe contre une communauté chassée, persécutée et confinée dans des ghettos dans bien des pays européens. Entrer dans ce musée, c’est comme revoir le film de ce massacre des millions d’enfants et d’intellectuels juifs. Car, ici, on entend encore la voix des enfants chanter la «Takiva» (l’espoir), l’hymne de l’Etat d’Israël à l’école avant leur persécution, leur traque et le massacre dans les camps de concentrations nazis. On revoit aussi les villages dans lesquels ils vivaient, les activités qu’ils faisaient au quotidien. Avant que l’irréparable ne se produise. C’est-à-dire leur persécution partout en Europe et leur relégation au rang de « race inférieure » et à des « sous-hommes » par Hitler et son régime. S’en suivit une campagne de diabolisation partout et des rafles. Ils sont ensuite mis dans les ghettos avant d’être conduit, pour la plupart d’entre eux, au crématoire. Entre juillet 1942 et août 1943, près de 870 000 juifs ont été exterminés. « Malgré la souffrance, les juifs avaient la mentalité de résister par la créativité et par leur culture », renseigne notre guide. A Yad Vashem, ce ne sont pas uniquement les victimes qui méritent respect et considération. Ceux-là qui ont aidé des familles juives ou en les cachant quelque part sont à jamais reconnus. On les appelle « justes ». Pas moins de 30 000 justes ont été répertoriés.

AU-DELA DE LA PERCEPTION : ISRAËL, UNE AUTRE RÉALITÉ À MONTRER AU MONDE
Boaz BismuthL’Etat hébreu s’est finalement résigné à la mauvaise image qu’il donne au reste du monde. Seulement, les israéliens restent toujours fiers de leur passé et font confiance à l’avenir.

Les Israéliens sont conscients d’une chose, leur pays est mal perçu dans le monde. Et parfois même, très mal vu par les uns et par les autres. Une image accentuée par le conflit avec la Palestine qui milite, pour la plupart du temps, en défaveur de l’Etat hébreu. Seulement, pour Israël cette mauvaise perception varie en fonction des zones où l’on se trouve. Le journaliste et diplomate israélien, Boaz Bismuth, reconnaît certes que son pays ne cesse de trainer ce boulet depuis belle lurette, mais il veut faire la part des choses. « C’est un pays très mal perçu surtout en Europe, pas en Afrique ou en Amérique latine, mais par les Européens. Ce Vieux continent marche très vite en arrière et ce qui me désole, c’est de voir un continent qui va complètement à la déroute, me faire des leçons de morale », explique Boaz Bismuth.

Pour lui, l’Afrique et Israël partagent un passé douloureux, à savoir, l’esclavage et l’Holocauste et ont été colonisés par des puissances européennes. Mais aujourd’hui, les noirs et les juifs ont tous pris leur destin en main et travaillent pour un futur meilleur. « Ici en Israël, vous êtes dans un pays avec certes une magnifique économie, une magnifique technologie, une magnifique agriculture et littérature, mais c’est un pays qui a un magnifique passé et qui compte avoir un magnifique avenir », reconnaît cet ancien ambassadeur d’Israël en Mauritanie.

Le correspondant de l’Agence France presse (Afp) en Israël, Laurent Lorenzo estime également que même si Israël est confronté au conflit israélo-palestinien, il y a encore « d’autres réalités », à savoir dans ce pays. Et ce, dans bien des domaines d’activités. Le directeur de la télévision i24, Frank Melloun, estime, pour sa part, que la création de sa chaîne de télévision était plus pour changer une certaine perception d’Israël et du Moyen-Orient et faire comprendre la réalité du terrain. « On est plus intéressé par cette coexistence entre un arabe et un juif en Israël, la bonne humeur notée parfois et ne pas simplement se focaliser sur les problèmes à savoir le conflit israélo-palestinien qui fait certes partie de la réalité quotidienne ici, mais qui n’est pas la préoccupation première des citoyens israéliens, qu’ils soient juif, arable ou chrétien », signale Frank Melloun.

Pour en revenir au conflit israélo-palestinien, Frank Melloun pointe du doigt les médias qui seraient, en grande partie, responsables de l’exacerbation de ce conflit. « Je reste convaincu que si la majorité des gens pense que la paix n’est pas possible au Proche Orient, par mon expérience personnelle, c’est à 90% à cause des médias. Parce que la perception des choses et souvent l’ignorance, alimente les préjugés et ces préjugés qui établissent que cette paix n’est pas possible », signale le directeur de i24. Quant à Boaz Bismuth, Israël a plusieurs fois montré sa bonne foi dans le règlement de ce conflit. Et selon lui, la résolution de celle-ci viendra d’Israël qui, en 2009 déjà, avait fait part de son ouverture pour la solution à deux Etats. « Sauf que pour atteindre ce but, précise le diplomate, il faut qu’eux-mêmes fassent la paix entre eux. On ne peut pas avoir deux entités palestiniennes divisées une à Gaza et une autre à Ramallah. L’une ne reconnait pas mon Etat et l’autre ne sait même pas gérer son Etat ».

Le Soleil

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here