Le Sénégal, pour renforcer sa politique de décentralisation, a connu plusieurs réformes territoriales. Il y a eu d’abord la réforme de 1972 portant création des communautés rurales et considérée comme l’Acte 1 de la décentralisation. Plus de 20 ans après, plus précisément en 1996, l’on a assisté à la régionalisation et à l’érection des communes d’arrondissement.
C’est justement cet Acte 2 de la décentralisation qui a donné au département de Podor sa troisième commune urbaine, Golléré, après Podor et Ndioum. Et en 2002, avec la création de celle de Ndiandane, le département compte 4 communes urbaines et un peu plus de 10 communautés rurales. C’est finalement la réforme de 2008 qui installe une pléthore de communes urbaines et de communautés rurales. Ce qui ressemblerait à une stratégie politique aussi du régime de Wade de faire taire les rivalités entre des responsables du parti démocratique sénégalais alors que l’on se dirigeait vers les Locales de mars 2009. L’enjeu était gros pour le parti au pouvoir puisque ces élections devraient être un test pour la Présidentielle de 2012. Le décret n° 2008-748 du 10 juillet 2008 élargit la liste des communes-villes avec celles de Mboumba, Guédé Chantier, Démette et Galoya Toucouleur. Quelques semaines plus tard, un autre décret crée les communes suivantes : Aéré Lao, Walaldé et Bodé Lao. Le département de Podor voit donc le nombre de communes et de communautés rurales s’accroître. Pour la plupart ce sont des chefs-lieux de communautés rurales qui ont été érigés en communes engendrant la création de nouvelles communautés rurales. Ainsi, l’ancienne communauté rurale de Aéré Lao devient les communes de Aéré Lao, Bodé Lao, la communauté rurale de Doumga Lao. Galoya Toucouleur se détache pour donner naissance à la communauté rurale de Mbolo Birane de même que Pété avec la communauté rurale de Boké Dialloubé et l’érection de Mboumba en commune urbaine permet la création de la communauté rurale de Méry.
La carte des collectivités locales s’agrandit mais plusieurs de ces communes et communautés rurales sont sans ressources. Les communes-villes de Galoya Toucouleur et Pété, pour ne citer que celles-là, sont cernées respectivement par les communautés rurales de Mbolo Birane et de Boké Dialloubé. La situation géographique de certaines communes urbaines au Fouta a montré leur superficie réduite et leur espace quasi inexistant. Si ce morcellement du département en plusieurs communes et communautés rurales visait le développement local, certains avaient vu dans cette réforme des soubassements. La commune de Galoya Toucouleur aurait vu le jour pour l’installation de la base d’un ténor du mouvement de la Génération du concret et très proche de Karim Wade, Abdoulaye Racine Kane, qui est devenu maire en 2009. De la même manière, pour mettre à l’aise deux responsables libéraux, Sileymane Sow et Djiby Mbaye, Pété a été scindée en deux : commune de Pété et communauté rurale de Boké Dialloubé.
Aux élections locales de 2009, Djiby Mbaye devient le premier maire de Pété et Sileymane Sow le dernier président du Conseil rural de Pété et le premier et le seul président du Conseil rural de Boké Dialloubé. Dans sa stratégie de contrôler le département de Podor, d’autres libéraux se sont constitué une base. Ce serait d’ailleurs Alioune Diop, alors conseiller du Président Wade, qui a insisté pour que, à côté de Aéré Lao, que Bodé Lao, son fief, soit érigé en commune. Tout comme Moussa Sow en a profité pour que Walaldé fasse partie de la liste des localités promues.
La réforme territoriale de 2008 a certes permis au Pds de taire ses querelles intestines dans le département de Podor, mais elle a aussi bouleversé la vie des populations liées par l’histoire et la géographie. Des communes et communautés rurales qui ne dépendent que de la Coopération et des fonds de dotation pour survivre. L’Acte 3 de la décentralisation qui consacre la communalisation universelle n’a pas encore pu régler les difficultés financières des collectivités territoriales et booster le développement local. Et la seconde phase de cette réforme est très attendue.
Le Quotidien